Les syndics de copropriété font partie des professions mal-aimées en France. Et pour cause, chaque année à la même période, celle des assemblées générales, refleurissent les articles de presse faisant état des anomalies relevées notamment par l’Association des Responsables de Copropriété (ARC), en des termes peu flatteurs. Une sorte de marronnier du « syndic bashing ».


Pour Gilles Frémont, président de l’Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété (ANGC) et directeur Copropriété du cabinet Corraze, l’image des syndics pâtit depuis toujours du syndrome des « Trois P », lié à leurs fonctions intrinsèques. Il explique : « Les syndics ont à la fois un rôle de « Percepteur » qui procède aux appels et au recouvrement des charges, de « Policier » qui veille au respect de la loi et du règlement de copropriété, et de « Politicien » en quête d’une réélection pour le renouvellement de son mandat. Le syndic endosse ce rôle ingrat mais obligatoire, et devient une cible ». Gilles Frémont ajoute : « La voix des gestionnaires de copropriété est très rarement prise en compte pour apporter un peu contradiction, et c’est justement tout l’objectif de l’ANGC : défendre notre métier ».

C’est d’ailleurs ce qu’il fait : « En ce qui concerne les anomalies relevées par la DGCCRF, je tiens à rappeler que, comme beaucoup de professions en France, notre activité fait l’objet d’une réglementation particulièrement zélée et alambiquée, à l’instar du contrat type de syndic issu d’un décret dans lequel se nichent un certain nombre de contradictions. Malgré toute la vigilance des gestionnaires pour être en conformité, des petites erreurs d’interprétation sont inévitables. Il suffit d’un écart sur un simple mot, ou d’une demi-heure d’assemblée générale facturée en trop, pour être catalogué « fraudeur » et faire gonfler les statistiques. Ce n’est pas révélateur de l’ensemble de la profession. Les associations de consommateurs et les journaux à sensation reprennent ces informations sans discernement et il ressort de tout cela un dénigrement systémique des syndics de copropriété. C’est insupportable pour les gestionnaires sur le terrain qui subissent en retour l’agressivité de certains copropriétaires ».

« De plus, les médias font état de copropriétés dégradées dans leurs reportages, en imputant invariablement la faute au syndic, alors que la plupart du temps, les difficultés viennent des copropriétaires eux-mêmes qui refusent de voter les travaux nécessaires au bon entretien de leur immeuble. Le syndic est un mandataire, exécutant des décisions prises par les copropriétaires. Si de surcroît, les charges ne sont pas payées, qu’il n’y a plus de trésorerie, le syndic ne peut pas faire de miracles, les fournisseurs ne sont plus payés, et la copropriété est placée sous administration judiciaire. Faire croire que les immeubles en difficultés sont la faute des syndics est malhonnête ».

À l’heure de la rénovation énergétique des bâtiments, le rôle des syndics de copropriété n’a pourtant pas fini d’être rendu nécessaire. « Les syndics ont un devoir de conseil et d’information. Ils accompagnent les copropriétaires dans la réalisation de leurs travaux, en proposant des projets préparés avec les maîtres d’œuvre, en soumettant au vote des résolutions d’assemblée générale, en allant chercher les meilleurs plans de financement, et en assurant un suivi de travaux. Les syndics font de l’ingénierie de projet… Bref, ce sont des chefs d’orchestre indispensables à la bonne tenue des copropriétés », conclut Monsieur Frémont.

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