Une question apparemment anodine d’un banquier cache en réalité l’une des arnaques les plus redoutables du moment.
Il est 19h30 ce mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine) quand votre téléphone sonne. Au bout du fil, un homme poli se présente comme Vincent, conseiller au service anti-fraude de votre banque. Son ton est rassurant mais inquiétant : « Nous venons de détecter une transaction suspecte de 1 500 euros sur votre carte bancaire. Avez-vous effectué cet achat ? »
« C’est là que le piège se referme, très rapidement après le début de l’appel », confie Jean-Baptiste Boisseau, cofondateur du site Signal Arnaques au Journal du Net. « La peur et la panique s’installent mais au bout du fil, un conseiller nous rassure : il va vous sauver ». Le conseiller explique avoir bloqué les opérations suspectes, mais pour éviter tout risque, la banque doit récupérer la carte. Un coursier de la banque passera dans l’heure.
« Cette arnaque se répand comme une traînée de poudre », explique Jean-Baptiste Boisseau, cofondateur du site Signal Arnaques. « Les escrocs ont adapté leur méthode face au renforcement des sécurités bancaires. Ils ne peuvent plus aussi facilement pousser les victimes à effectuer des virements, alors ils récupèrent directement les cartes bancaires. »

Pourtant, un détail devrait immédiatement alerter tous ceux qui reçoivent ce type d’appel. « Aucune banque ne vous demandera jamais de remettre votre carte bancaire à quelqu’un, ni d’attendre un coursier pour la récupérer », souligne l’expert. Au mieux, votre conseiller vous recommandera de la détruire vous-même en cas de problème. Cette règle simple permet de déjouer immédiatement l’arnaque.
Cette escroquerie est terriblement efficace car elle exploite la peur. « Beaucoup de victimes n’ont jamais été confrontées à une telle situation et acceptent donc ce qu’on leur dit sans remettre en question », précise Jean-Baptiste Boisseau. Les chiffres de la gendarmerie d’Île-de-France illustrent cette progression alarmante : 150 faits ont été signalés en 2023, contre 85 en 2022, soit une hausse de 76%.
Certaines victimes subissent des préjudices lourds : l’année passée, une femme de 71 ans a perdu 9 300 euros, une antiquaire 8 000 euros. Généralement, les sommes volées dépassent rarement 3 000 euros, constate Jean-Baptiste Boisseau. Mais pour augmenter leurs gains, les escrocs tirent parti des règles propres à chaque banque, notamment en privilégiant les distributeurs de la banque de la victime, qui peut autoriser des retraits plus élevés.
Cette fraude se développe aussi car elle permet aux escrocs de contourner les nouvelles sécurités bancaires. Les banques ont considérablement renforcé leurs dispositifs de contrôle, notamment sur les virements vers des bénéficiaires inconnus.
Face à ces obstacles, les fraudeurs se tournent vers des méthodes plus directes, même si elles sont plus risquées pour eux. La présence physique nécessaire pour récupérer les cartes augmente leurs chances d’être identifiés, mais les gains restent importants.