Patrimoine
– Entre nostalgie d’un passé idéalisé et victimisation permanente, la France semble souffrir d’une dépression sans fin. Le défaitisme et l’autodénigrement semblent être devenus les clefs de voute du pays. Comme si le nadir l’emportait sur le zénith.

Prenons l’exemple des Jeux Olympiques. À la fin du mois de juillet, la France les accueillera pour la première fois en un siècle. Plus de quatre milliards de personnes à travers toute la planète suivront cet évènement qui valorisera de nombreux lieux, de la place de la Concorde à Tahiti en passant par le Champ de Mars et la rade de Marseille.

En termes de notoriété, les Jeux olympiques et Paralympiques n’ont pas d’équivalent. Pourtant, loin de s’en réjouir, certains mettent exergue leurs nuisances et leurs coûts quand d’autres considèrent que le pays n’arrivera pas à les organiser correctement.

Certes, ces craintes et ces critiques émanent, pour certaines d’entre elles, d’officines étrangères cherchant à nuire à l’image de la France. Pourtant, malgré la pandémie, l’ensemble des installations des Jeux seront prêtes pour le mois de juillet. Le village olympique à Saint Denis donnera naissance à un nouveau quartier à Saint Denis.

La cérémonie d’ouverture sur la Seine fortement décriée sera une première. Elle permettra au monde entier d’admirer la capitale. La France qui est, il faut le rappeler, un pays touristique, bénéficiera ainsi, durant plusieurs années, d’importantes retombées.

Autre exemple ; en matière sociale, l’idée de la montée des inégalités est largement partagée. Affirmer que celles-ci sont aujourd’hui bien moins importantes que dans les années 1960 ou 1980 apparaît pour de nombreuses personnes comme une ineptie ou une honteuse manipulation du pouvoir. La réalité froide des statistiques ne correspond en rien au ressenti. Pour autant, en 2022, 58 % des Français sont propriétaires de leur résidence principale quand ils n’étaient que 40 % en 1960. En 1963, 38 % des ménages avaient une ou plusieurs voitures ; en 2023, ce taux dépasse 84 %.

Dernier exemple ; les Français refusent de faire le lien entre la situation des finances publiques et la quantité de travail fournie. En France, l’accumulation des déficits publics, la dégradation des services publics, et la désindustrialisation trouvent, en effet, en grande partie leur origine dans l’insuffisance de travail. Le nombre d’emplois rapporté à la population y est plus faible qu’en Allemagne et dans les Etats d’Europe du Nord de
10 points.

Longtemps, la forte productivité a compensé la rareté du travail et son coût élevé. Or, la productivité tend, depuis quelques années, à décliner. L’intensification du travail est, sur un nombre réduit d’heures, arrivée certainement à sa limite.

Face aux difficultés, aux aléas de la conjoncture, les Français rejettent la responsabilité sur les autres ; le pouvoir ou l’étranger constituant de parfaits bouc-émissaires. Le gouvernement, le Président de la République, l’Europe sont accusés de tous les maux comme si ces derniers n’étaient que l’expression des erreurs éventuelles de quelques
femmes et hommes.

Sur fond de crise des services publics, de croissance atone, de difficultés de recrutement, le Royaume-Uni prouve que la sortie de l’Union européenne n’a résolu aucun des problèmes, pire les a plutôt amplifiés.

La France est confrontée à un choix cornélien : le maintien d’un haut niveau de protection sociale, un des plus élevés au monde suppose l’obtention d’une croissance forte ; or celle-ci est entravée par le faible volume de travail et par des coûts importants.

Le financement des retraites, de la santé, de la dépendance, de la défense tout comme le maintien de la sécurité suppose une création accrue de richesses. Le « quoi qu’il en coûte » a laissé croire qu’il était possible par l’opération du Saint Esprit de tout financer.
L’argent gratuit et facile est une illusion qui mène directement au précipice. Il ne faut jamais oublier que la monnaie n’est qu’un voile et qu’in fine, l’étalon maître reste le travail.

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