La fraude aux téléphones risque de devenir plus difficile grâce à un nouveau dispositif unique. Voici comment les escrocs vont le contourner.
Après trois ans de travail acharné, c’est enfin annoncé. L’observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) va lancer un dispositif pour lutter contre la fraude téléphonique. Sur le papier, l’objectif est ambitieux : rendre la vie des escrocs impossible en mettant fin aux arnaques par téléphone. Mais dans les faits, il faudra du temps pour que ce système soit pleinement efficace.
Pour rappel, chaque année, des centaines de milliers de Français tombent dans le piège tendu par de faux conseillers bancaires ou de soi-disant agents des services des fraudes. Ces escrocs usurpent l’identité d’institutions de confiance pour vider les comptes de leurs victimes, avec des préjudices allant de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Un fléau estimé à 379 millions d’euros en 2023, d’après l’observatoire. Leur technique : faire en sorte que le véritable numéro de l’institution s’affiche sur l’écran de leur victime, tout en appelant ou écrivant d’un autre.
Depuis plus d’un an déjà, un premier coup d’arrêt a été donné aux fraudes par SMS. Fini les messages frauduleux se faisant passer pour « LCL », « Facebook » ou d’autres entreprises réputées. Ces usurpations d’identité sont désormais systématiquement bloquées par les opérateurs télécoms, obligeant les arnaqueurs à utiliser des numéros inconnus, ce qui entame sérieusement leur crédibilité. L’enjeu est maintenant d’étendre ce dispositif aux appels vocaux.
C’est donc à partir du 1er octobre que cette nouvelle mesure prendra effet. Concrètement, les opérateurs téléphoniques devront vérifier l’authenticité de chaque appel émis depuis un numéro d’entreprise. « Aujourd’hui, lorsque je vous appelle, mon numéro est acheminé et vient jusqu’à vous. À partir d’octobre, une plateforme centrale s’assurera que ce numéro provient bien de la vraie ligne et qu’il ne s’agit pas d’un numéro créé de toute pièce, explique Renaud Kayanakis, spécialiste des télécoms au cabinet SIA Partners, dans une interview accordée à Europe 1.
« Les appels non conformes seront coupés, ce qui contribuera progressivement à lutter contre l’usurpation de numéros professionnels », précise le communiqué de l’OSMP. Mettre en place un tel mécanisme fut un véritable défi technique, fruit de plusieurs années de développement et de la collaboration de plus de 200 opérateurs en France.
Toutefois, ce dispositif sera déployé de façon progressive. Dans un premier temps, seuls « les appels passés depuis ou à destination des lignes fixes présentant un numéro français » seront concernés, avant une généralisation à l’ensemble des communications. « Ces mécanismes vont rendre les tentatives de fraude plus aisément détectables par les consommateurs, car les fraudeurs devront recourir à des numéros inconnus pour tenter d’établir la communication avec leurs victimes », souligne l’OSMP. Il faudra donc être particulièrement attentif aux numéros de mobile inconnus (commençant par 06 ou 07).
Mais pour que ce dispositif porte ses fruits, l’organisme met en garde : « ces mesures nécessitent que les utilisateurs, particuliers comme professionnels, acquièrent les bons réflexes ». La prudence reste donc de mise. Il ne faut pas divulguer d’informations bancaires à un inconnu même si celui-ci se présente comme un homme de confiance.