Des milliers de propriétaires automobiles sont confrontés à un cruel dilemme : garder un véhicule potentiellement défectueux ou accepter de le brader à un prix dérisoire.
Cette année, beaucoup d’automobilistes français se retrouvent face à un casse-tête. Treize ans après le lancement du moteur 1.2 PureTech, qui équipe des modèles Citroën, DS, Opel et Peugeot, les voitures ont vieilli et les propriétaires cherchent naturellement à les revendre.
Mais voilà, ces automobilistes se heurtent aux réalités du marché. Au vu des scandales de fiabilité qui ont éclaté ces dernières années autour des modèles du groupe Stellantis, il est difficile de se faire reprendre sa voiture ou alors il faut accepter un important rabais.
Une propriétaire de Peugeot 2008 témoigne au Journal du Net : « Un concessionnaire m’a même dit : ‘Si je reprends votre voiture, je me fais virer.' » Le concessionnaire lui a avoué que c’est la mauvaise fiabilité du moteur de sa voiture qui rend la reprise difficile.
C’est que le moteur PureTech, pourtant élu « meilleur moteur de l’année » à quatre reprises entre 2015 et 2018, souffre de deux défauts majeurs et récurrents. D’une part, une usure prématurée de sa courroie de distribution, qui peut aller jusqu’à la casse complète du bloc moteur. D’autre part, une tendance à la surconsommation d’huile. Plus inquiétant encore, des débris peuvent parfois tomber dans le système de freinage et durcir la pédale de frein, ce qui peut augmenter les distances d’arrêt en cas d’urgence.
La propriétaire de la Peugeot 2008 n’est pas un cas isolé. L’UFC-Que Choisir explique avoir recueilli des dizaines de témoignages similaires. Selon l’association de consommateurs, « les garagistes ne veulent plus vraiment voir de Peugeot ou de Citroën PureTech sur leurs parkings ». Et lorsqu’ils acceptent de reprendre ces voitures, c’est souvent pour moitié moins de leur valeur à la revente.
Contactée par le Journal du Net, Florence Gete, présidente du groupement des agents automobiles Peugeot (GAAP), explique que c’est un « sujet sensible » : « Le moteur 1.2 PureTech a mauvaise presse avec un marché difficile. Il faut donc adapter la reprise au juste prix, sans surcoter, mais chez nous aucune voiture n’est refusée. De plus aujourd’hui, il y a de nouvelles garanties constructeurs qui rassurent et les avaries moteur ne concernent pas toutes les voitures du parc Stellantis. »
Pourquoi les professionnels sont-ils si réticents ? Tout simplement parce que ces voitures sont difficiles à revendre, elles sont victimes d’avaries largement médiatisées par la presse et connues du public.
Face à cette situation critique, Peugeot a proposé en janvier 2025 une aide à la reprise de 700 euros aux possesseurs de moteurs PureTech qui souhaitaient se séparer de leur auto au profit d’un véhicule hybride neuf. Par ailleurs, Stellantis a mis en place depuis mars 2024 une garantie pouvant aller jusqu’à 10 ans et 175 000 km pour ces moteurs, mais avec des conditions strictes : l’entretien doit avoir été effectué selon les recommandations de la marque.
Le marché de l’occasion regorge désormais de voitures du groupe Stellantis proposées à des prix attractifs mais équipées de l’ancienne mouture du moteur PureTech à la courroie de distribution fragile. Une situation qui profite potentiellement aux acheteurs prêts à prendre des risques, mais qui constitue une véritable double peine pour les propriétaires actuels, contraints de vendre à perte ou de conserver un véhicule dont la fiabilité est parfois compromise.